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La chapelle de Brouls

"Petite chapelle au bord de la route ,

que je retrouve à mes heures de doute,

tu es toujours là pour prendre ma peine

quand mon coeur blessé est près de la haine.

petite chapelle au bord de la route,

je viens t'apporter mon âme en déroute,

toute ma douleur, mon grand désarroi

et mettre à l'abri simplement ma foi.

Petite chapelle au bord de la route,

toujours accueillante, tu es à l'écoute,

sous ton humble toit, j'aime à méditer

car c'est la Madone que je viens prier"

Texte écrit par un motard belge de passage

 

La légende de Notre Dame de Brouls

Une bergère alertée par les mugissements répétés (« brouls ») d’une vache près d’un buisson y découvrit une statuette de la sainte Vierge tenant l’Enfant Jésus dans ses bras. Elle l’apporta à l’église paroissiale, mais le lendemain, la statue avait disparu et fut retrouvée à l’endroit même où elle était cachée dans les buissons. Ce fait se reproduisit trois fois et les habitants de Pointis y voyant un « signe » s’empressèrent d’édifier un sanctuaire dans ces lieux si manifestement choisis par la Vierge. Outre une fresque relatant ce miracle, on conserve encore à Brouls, aux côtés de la statuette de la Vierge à l’Enfant, une petite vache en bois qui rappelle la croyance populaire.

 Détail du miracle. Crédit photo Pauline Chaboussou.

La chapelle avant 1864

À quelle date peut-on fixer l’origine de Notre-Dame de Brouls ? Un document nous permet de remonter avec certitude au-delà de 1700. C’est une bulle du pape Clément XI, dans laquelle il fait mention du sanctuaire de Brouls et accorde une indulgence plénière à tous les confrères de la Congrégation des Agonisants, qui iront faire leurs dévotions dans ce sanctuaire. Or, le pape Clément XI règne de 1700 à 1721. À cette époque, le sanctuaire de Brouls a donc déjà une certaine renommée.

C’est certainement un modeste édifice d’aspect différent de la chapelle actuelle. La toiture est basse et d’accès facile : les enfants y grimpent aisément pour faire tinter la cloche. La porte d’entrée que nous voyons actuellement remonte a cette époque…. A la Révolution, l’édifice se dégrade : les murs se lézardent, l’humidité gagne. La chapelle est dans un état de misère si manifeste qu’en 1863 le Conseil de Fabrique (conseil paroissial chargé de collecter et administrer les fonds pour la construction, l’acquisition ou l’entretien des édifices religieux et des objets du culte, avant la loi de 1905) constate « que la chapelle de Brouls est dans un état de délabrement qui la rend tout à fait impropre à l’exercice du culte divin. »

La reconstruction

Le 5 juillet 1863, l’abbé Baron inspire cette délibération du Conseil de Fabrique : « Cette chapelle étant l’objet d’une grande vénération non seulement dans la paroisse, mais encore dans les localités circonvoisines il semble qu’il ne convient pas de laisser périr un édifice dont l’existence sert d’une manière si efficace à réveiller et à entretenir la piété dans le cœur des fidèles. » Ce même jour, il ne demande au Conseil que la simple autorisation d’entreprendre le travail ; tout sera fait sous sa responsabilité, avec les ressources qu’il recueillera, « s’engageant à ne jamais recourir pour en solder les dépenses à aucune allocation sur des fonds de la Fabrique. »

Encouragé par la bienveillance de la population, aidé par des dons nombreux, l’abbé Baron poursuit sans retard l’exécution de ses projets. Selon ses plans, la chapelle change rapidement d’aspect. La nef est agrandie, les murs montent la toiture à une hauteur de 10 mètres, une voûte surmonte le chœur. Le prêtre va tous les jours à la chapelle, monte sur les échafaudages pour guider le travail des ouvriers, approvisionne le chantier par des corvées de sable, de pierre, de chaux, d’eau et de plâtre, toutes aussi volontaires que régulières.

L’inauguration solennelle donne lieu à une fête magnifique en 1864. Ce jour-là, des foules viennent à Brouls. Une grande statue de la Vierge en bronze est placée dans le chœur. Le prêtre se consacre ensuite à la restauration de l’église paroissiale.

 

 

Détail procession. Crédit photo: Pauline Chaboussou

L’ornementation

En 1873, l’abbé Baron songe à l’ornementation intérieure de la chapelle de Brouls : le peintre Roger, originaire de Saint-Gaudens, élève de Rixens, de Saint-Bertrand-de-Comminges, est appelé à décorer le sanctuaire. Les peintures du sanctuaire représentent des anges évoluant dans la voûte éthérée, tenant couronnes et guirlandes à profusion et faisant le geste de les répandre au-dessus de la Vierge. Quatre motifs allégoriques - une rose blanche, un lis immaculé, l’arche de Noé arrêtée sur la cime d’un mont, l’arbre de Jessé - entourent deux fresques. L’un représente la découverte de la statue de la Vierge sur les indications de la vache qui beugle devant un buisson ; l’autre reproduit la vue de la chapelle actuelle avec la procession de l’intronisation de la statue. Une inscription en grandes lettres dorées qui se détache sur l’arceau de la voûte, invite le pèlerin à la confiance en Notre Dame de Brouls : « Venez, je suis votre Mère ! »

Le décor de 1919

Dès le lendemain de l’armistice, on songe à l’ex-voto qui perpétuera à Brouls le souvenir des morts de la Grande Guerre. Le peintre Savès, ancien mobilisé, transforme en deux mois l’aspect de la chapelle. La nef est ornée de motifs végétaux, aujourd’hui seulement visibles sur les pilastres. Les peintures du chœur sont insérées dans des encadrements peints en harmonie. A gauche du chœur, une statue de la Vierge se détache sur un fond semé de lis d’or ; quatre médaillons se distinguent et leurs symboles : « Maison d’or, Rose mystique, Tour de David, Tour d’ivoire », rappellent les titres de Marie. A droite est fixé le tableau-souvenir qui porte les noms des trente et un enfants de Pointis-Inard morts à la guerre.

Toute l’année la chapelle accueille un grand nombre de visiteurs sensibles à son calme et au panorama qui l’entoure, et le jour du 15 août, fête de l’Assomption, les fidèles se retrouvent nombreux à la célébration de la messe chantée en l’honneur de Marie.

 

Ce texte a été rédigé par l’Association Bergeronnette pour la sauvegarde du patrimoine sacré de Pointis-Inard.

Les dons sont les bienvenus pour contribuer à la restauration des peintures du chœur de la

Chapelle Notre-Dame de Brouls. À adresser au nom de l’association à la Mairie, 31800 Pointis-Inard.